Interview : éducatrice Montessori, coach parentale et animatrice Faber et Mazlish

Claire est éducatrice Montessori et coach parentale. Elle nous explique son métier et nous livre des clés pour mieux communiquer avec les enfants.

Par Jeanne
Guide gratuit des écoles - éd. 2022

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Claire Teyras, éducatrice Montessori, coach parentale et Animatrice d'ateliers Faber et Mazlish.

Après un début de carrière notamment en tant qu’autrice jeunesse, Claire se forme à la pédagogie Montessori 0 – 3 et 3 – 6 ans auprès de Murielle Lefebvre. Après une première expérience en classe, elle complète sa formation par l’approche Faber et Mazlish, la discipline positive, la CNV et l’approche posturo-développementale dans la prévention des troubles de l’apprentissage (réflexes archaïques). Claire est aujourd’hui coach parentale Montessori et Faber et Mazlish. Elle nous explique en quoi ça consiste dans cette interview.

– En quoi consiste votre activité d’éducatrice Montessori, coach parentale et animatrice Faber et Mazlish ?

– J’accompagne les parents et les professionnels de l’éducation (enseignants, personnels de crèches, de centres d’animation …) dans leur relation avec les enfants. Je leur apprends à communiquer, à être dans l’empathie, à prendre en considération les besoins de l’enfant et les leurs … Concrètement, ces séances de coaching qui allient les approches Montessori et Faber et Mazlish sont individuelles, en personne, en visioconférence ou par téléphone. Je m’adapte aux besoins de chaque parent, famille, ou professionnel de l’éducation. Ils me décrivent leur quotidien et je leur propose un accompagnement sur mesure. Entre les séances, ils me font des retours sur la mise en place de ce dont nous discutons en séance. Je peux ainsi penser à des ajustements pour la séance suivante.

J’observe que ce dont ces adultes ont surtout besoin c’est d’une écoute empathique. Ils trouvent en moi une écoute bienveillante, un soutien émotionnel. L’enjeu est ici de ne plus être seul face aux problèmes que l’on rencontre avec ses enfants ou les enfants de la structure dans laquelle on travaille. C’est très important.

– Quels sont les problématiques que vous traitez ? 

– Cela peut être des problématiques de sommeil, d’endormissement, de repas, de rivalités dans la fratrie, de coopération, l’impression de constamment devoir répéter avec son enfant, comment rendre mon enfant plus autonome …

Votre activité passe également par l’animation de conférences et d’ateliers basés sur la pédagogie Montessori et l’approche Faber et Mazlish.

– J’anime en effet des conférences suivies d’ateliers ou des ateliers seuls. Ils sont à destination de groupes de parents ou de professionnels de l’éducation autour des grands thèmes de la communication bienveillante, de la pédagogie Montessori et de la parentalité en général. La réflexion est collective. Nous partageons nos expériences, nos découvertes. Les participants se soutiennent entre eux. Ils se nourrissent du cheminement des autres. L’idée est que chacun puisse devenir la meilleure version possible du parent ou de l’éducateur qu’il est. 

L'éducatrice Montessori 3 - 6 ans fait une présentation sur les continents et les animaux à un groupe d'enfants assis autour d'elle.
Claire présente une activité Montessori à un groupe d’enfants.

Avec l’approche de Faber et Mazlish, l’idée est de prendre conscience de notre façon de communiquer avec les enfants et de découvrir des outils de communication bienveillante efficaces au quotidien. Je propose des mises en situation et des jeux de rôles pour aider les participants à s’approprier ces outils. Lors de ces rencontres, ils apprennent par exemple à pratiquer l’écoute emphatique, à gérer les conflits, à contourner la punition, le chantage, …

– Pourriez-vous partager avec nous quelques exemples des pistes que vous donnez aux parents ?

– Avec plaisir ! Ils pourront ainsi se faire une idée de ce qu’ils peuvent venir trouver dans mes ateliers Parents et enfants épanouis qui allient pédagogie Montessori et approche Faber et Mazlish, et bien d’autres outils encore !

Le bol de lave pour aider à gérer une émotion de colère débordante :

«  Aaaargh, je te déteste maman ! »

Pour rester stable, l’adulte respire et imagine l’émotion de l’enfant comme de la lave qui coule. Je la recueille dans un bol. Je ne la prends pas sur moi et ça ne me touche pas. On peut donc regarder ensemble ensuite ce qu’il y a dans le bol (mise à distance).

Quand les enfants se disputent dans une fratrie : 

  • Respecter leurs émotions : je montre que je comprends ce qu’ils vivent. « Vous avez l’air fâchés l’un envers l’autre. »
  • Prendre le problème au sérieux : « c’est une situation difficile, deux enfants et un lapin en peluche à partager. »
  • Les encourager à trouver une solution eux-mêmes, parce qu’ils en sont capables : « je vous fais confiance pour trouver une solution / un compromis juste, ensemble. » 

S’ils n’arrivent pas à résoudre leurs problèmes par eux-mêmes : « à présent, je décide un retour au calme, chacun dans sa chambre, dans un premier temps. » J’indique clairement qu’on en discutera ensemble ensuite, une fois qu’ils seront apaisés, à un moment précis, après le repas par exemple, pour qu’ils trouvent une solution.

Pour s’endormir plus facilement et se relâcher après une grosse journée de tensions : 

  • Prendre une profonde inspiration, retenir sa respiration et  tendre son corps en contractant tous ses muscles. Aux enfants, on leur dira, par exemple, de faire la “statue, et s’amuser à savoir qui va tenir le plus longtemps. Dès qu’on a besoin de respirer, on souffle l’air par la bouche. Et on se relâche. On fait ça trois, quatre ou cinq fois, et l’enfant va commencer à bailler, ça ne loupera pas ! La tension ajoutée à la tension conduit immanquablement à la détente ! 
  • Un exercice de sophrologie pour calmer les tensions : on s’allonge à côté de son enfant et chacun met une peluche sur son ventre. On inspire en gonflant le ventre, la peluche monte. Puis on souffle sur la peluche par la bouche (= relâchement musculaire). On peut continuer comme ça pendant cinq minutes.

Autonomie : 

Le compliment descriptif permet de communiquer à l’enfant ce qui a été “bien fait”. Il prend ainsi conscience de ses capacités. Il est motivé pour recommencer. C’est l’enfant qui va juger lui-même ses actes. Beaucoup d’adultes se focalisent sur ce que les enfants font “mal” et les grondent pour une “faute” ou une maladresse au lieu de les encourager en soulignant leurs capacités… Pendant une semaine, je vous invite à changer de posture et à vous concentrer sur le potentiel et les capacités de vos enfants et faire au moins un compliment descriptif par jour.

Au lieu de se focaliser sur l’erreur :

Je t’avais dit qu’il fallait laisser le ballon à la maison ! Tu n’as pas écouté. Voilà ! ”

On peut décrire ce qui a été “bien fait”

Quand on marche dans la rue avec un ballon de foot, il risque de s’échapper de nos mains. Le tien est parti au milieu de la route exactement quand une voiture arrivait. Tu as eu le réflexe de rester immobile sur le trottoir. C’est ce qu’on appelle maîtriser le danger. C’est un signe d’autonomie.”

Au lieu de :

“Mais regarde chérie, tu as mis tes chaussures à l’envers !” 

On peut décrire et reconnaître la difficulté des actes :

Je vois une petite fille de bientôt quatre ans qui a mis ses chaussures toute seule. En plus, ces chaussures sont difficiles à attacher.” En marchant, la petite Dagoberte se rendra vite compte que ses chaussures sont à l’envers ! Et si ça ne la gêne pas, finalement, lâchons prise. A qui cela pose-t-il vraiment un problème ? On peut aussi ajouter : ces chaussures sont encore plus difficiles à attacher quand on les a mises à l’envers.” (sans sarcasme !)

Au lieu de :

« Comme tu as enfin compris que tu ne dois pas dessiner sur les livres, je suis d’accord pour t’en acheter un aujourd’hui, allez, on va le choisir ensemble. »

On peut nommer le comportement positif digne d’être reproduit :

« Les derniers livres qu’on t’a achetés sont en parfait état, sans gribouilli ni coin abîmé. C’est ce qu’on appelle prendre soin de ses affaires. Je peux t’en acheter un nouveau avec plaisir, tu peux le choisir. Les livres pour les enfants de ton âge sont sur cette étagère. »

Au lieu de :

« Bravo ! ton spectacle a été super ! »

On peut décrire ce qu’on a aimé du spectacle :

« J’ai beaucoup rigolé pendant la scène où la souris voulait manger le lion. La voix de ton personnage de rhinocéros faisait vraiment peur. Je voulais vite savoir si la girafe allait pouvoir échapper à tous les pièges que vous lui aviez tendus ! »

Au lieu de :

« C’est très bien chérie. »

On peut préciser ce qui est « très bien » :

« Tu as vu que le flacon de shampooing coulait dans la baignoire, tu l’a remis bien à sa place et tu es venue me le dire. C’est ce qu’on appelle être prévoyant, parce que le shampooing sur le sol aurait pu provoquer des accidents.”


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Entretien réalisé par Jeanne Guillaume le 12 avril 2022.

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