Dans cette interview spéciale fournisseur de matériel Montessori, Zahra Ricardo répond à nos questions. Elle est fondatrice de la marque Ma Montessori Box, maman de deux enfants et formée à la pédagogie Montessori de la naissance à douze ans.
– Zahra, comment êtes-vous “tombée dans la marmite” Montessori ?
– J’ai découvert la pédagogie Montessori par le biais de ma fille, qui, en moyenne section de maternelle dans notre école publique de secteur, était dans la classe d’une enseignante qui a décidé de prendre un virage dans cette direction. Initiée par une de ses collègues, elle a, du jour au lendemain, adopté un fonctionnement par ateliers autonomes. Intriguée par l’exposition de ce nouveau projet pédagogique lors de la réunion de rentrée, et désirant en savoir plus, j’ai demandé à cette enseignante des recommandations de lectures. C’est alors que j’ai lu d’une traite Les lois naturelles de l’enfant de Céline Alvarez. Puis je me suis formée !
– Vous étiez formée et travailliez auparavant dans le marketing ?
– J’ai en effet travaillé dix ans dans le marketing pour de grands groupes agro-alimentaires. C’est alors que je me suis questionnée sur le sens de mon travail et sur ce que j’apportais réellement au monde. Je voulais apporter ma pierre à l’édifice. Aujourd’hui, avec les retours de mes clients, je ne peux que constater que mon activité est empreinte de sens. Quand on me dit par exemple : “mon fils est réconcilié avec les maths !”
– Montessori n’est pas une marque déposée, n’est-ce-pas ?
– Je pense que l’esprit de Maria Montessori c’était de donner accès à cette pédagogie à tous, à tout enfant, partout dans le monde. La conséquence est que tout un chacun peut griffer son produit ou son service « Montessori ». C’est grâce à cette absence d’obstacle que j’ai pu lancer Ma Montessori Box. Mais c’est aussi un problème dans le sens où l’on voit sur le marché de plus en plus de produits se targuant de s’inscrire dans la pédagogie Montessori surfant ainsi sur l’image positive liée à cette méthode. Cela brouille les cartes pour les consommateurs. Mon travail aujourd’hui est donc de démocratiser la pédagogie pour les enfants mais aussi d’éduquer les adultes sur ce qu’est réellement Montessori.
Découvrez les box de Zahra dans notre Boutique Positive.
– Lorsque vous sélectionnez des pièces de matériels Montessori, quels sont les critères qui vous guident ?
– J’ai suivi des formations couvrant les tranches d’âges de la naissance à douze ans. Et lors de mes formations (avec Sylvie d’Esclaibes), j’ai été initiée à un matériel soigneusement sélectionné pour chaque tranche d’âge : en bois pour la plupart, à l’esthétique attrayante, précisément conçu (mesures précises, etc.). C’est là que j’ai commencé à faire mes armes pour déterminer ce qu’est un bon matériel et ce qui ne l’est pas. Et je m’attache à tester tous les produits avec mes enfants avant de les proposer à la vente !
Je propose aussi des activités « d’inspiration Montessori ». A cette occasion, il se peut que je sorte d’une vision dogmatique de la pédagogie Montessori. Je propose par exemple des Quiet Books qui contiennent plus d’un apprentissage à la fois. Je réponds à un besoin éducatif. C’est une manière de démocratiser la pédagogie. Avec ces Quiet Books, les familles mettent entre les mains de leurs enfants une activité qui répond intelligemment à leurs besoins.
Ma Montessori Box a une visée sociale avant tout. Pourquoi faudrait-il être riche pour y avoir accès ?
– A qui sont destinées vos Montessori Boxes ?
– L’inspiration de Ma Montessori Box m’est venue alors que ma fille, alors en maternelle, recevait une box mensuelle avec une activité créative. C’était l’occasion pour ma fille et moi de partager un beau moment. Ça a fait “tilt”, je me suis dit que ce serait génial de recevoir la même chose en Montessori. J’ai alors conçu une activité tout en un : un matériel et un livret explicatif pour manipuler et comprendre les buts de cette activité. Acheter du matériel Montessori coûte très cher et il n’est pas donné à tous les enfants d’aller dans une école Montessori. Ou pour ceux qui ont cette chance, il est intéressant d’avoir cette continuité pédagogique à la maison.
Ma cible était au départ plus les familles que les ambiances dans des écoles Montessori. J’applique des marges très limitées, mon objectif étant de redonner du sens à ma vie professionnelle et de diffuser la pédagogie Montessori. Ma Montessori Box a une visée sociale avant tout. Pourquoi faudrait-il être riche pour y avoir accès ? Ce qui me rétribue le mieux, ce sont les retours de mes clients.
Depuis six mois, j’ai adapté ma proposition aux professionnels de l’enfance. On constate une ouverture de plus en plus grande à ce type de pédagogie en crèche, en maternelle, en jardin d’enfants. J’accompagne des projets de créations de structures. Je reçois également des commandes de la part de professeurs des écoles.
– Qu’avez vous dans les tuyaux pour vos clients ?
– Mon prochain objectif est de créer un abonnement pour les enfants de la naissance à trois ans. Les possibilités d’intégrer la pédagogie Montessori dans son approche avec son bébé sont fascinantes !
– Comme vous l’évoquiez, le marché est envahi par toutes sortes de propositions estampillées Montessori. Qu’avez-vous envie de dire aux consommateurs ?
– Il y a des feux rouges : par exemple, dès lors que cela implique un écran, je dis non, nous ne sommes pas dans la pédagogie Montessori. En effet, l’enfant, selon Montessori, apprend par les manipulations concrètes et une image sur un écran n’a rien de concret.
Un autre exemple très répandu dans les offres sur le marché : les planches multi activités. On y trouve des chiffres, des lettres, des formes, de toutes les couleurs. Le réflexe du parent devant ce produit sera positif, il se dira que son enfant va pouvoir apprendre plein de choses en même temps. Or, Montessori nous montre comment l’enfant apprendra bien mieux chaque concept séparément : les chiffres, les lettres, les couleurs, les formes. A chaque concept, un matériel.
Je conseille aussi d’éviter tout plastique et de choisir des matériels en bois pour les petits.
Choisissez également des outils adaptés à la taille de votre enfant, ni ridiculement trop petits, ni trop grands ou trop lourds ou trop difficiles à manipuler en raison de la taille.
Privilégiez les vrais outils. Il faut apprendre à lâcher prise : laissez votre enfant faire sa toilette seul, manipuler un vrai couteau … Tout ceci relève d’une posture particulière de l’adulte. Sur mon site, je vends du matériel, mais je prodigue aussi des conseils, des clés de lecture. Le matériel vient au soutien des apprentissages à hauteur de 20%. C’est bien la posture de l’adulte qui vient faire le reste : détecter les périodes sensibles notamment. Le livret qui accompagne le matériel dans mes boxes est donc essentiel. Sans lui, le matériel n’aurait pas beaucoup de valeur.
Entretien réalisé par Jeanne Guillaume le 25 novembre 2021.