La leçon de silence de Maria Montessori est une présentation unique dans le curriculum 3 – 6 ans. La pédagogue raconte comment elle lui fut inspirée et est devenue un exercice régulier dans ses ambiances. La pratique de la leçon de silence par les enfants de trois à six ans leur apporte beaucoup et sert leurs apprentissages.
L’origine de la leçon de silence
Maria Montessori évoque la genèse de sa leçon de silence dans son ouvrage “L’Enfant”. Elle décrit comment un jour elle est arrivée dans la classe, portant dans ses bras un bébé de quelques mois. Celui-ci, serré dans ses langes, était paisible et parfaitement immobile. Maria Montessori lança alors le défi aux enfants de demeurer aussi immobile et silencieux que le petit bébé. La scène impressionna les enfants qui voulurent intensément faire silence et contenir leurs mouvements.
Les enfants furent séduits par cette expérience du silence. Ils voulurent reproduire cet exercice les jours suivants, maîtrisant leur respiration et les mouvements de leur corps. Lors d’un de ces exercices, Maria Montessori eut l’idée de tester l’acuité auditive des enfants. Elle les appela un par un (une cinquantaine d’enfants composaient la classe) en murmurant leur nom. Ils rejoignirent un à un la pédagogue, maîtrisant leur pas afin de ne produire aucun bruit. Les enfants firent preuve d’une grande patience, attendant chacun leur tour.
La leçon de silence
Préparation à la leçon de silence
Afin d’assurer le succès des enfants, il est important de les préparer à la leçon de silence. On commencera par des exercices courts et plus accessibles. Lors de rassemblements, par exemple, on invitera les enfants à observer les mouvements de leur corps, le bruit de leur respiration. Un autre jour, on attirera l’attention des enfants sur un son ténu (le chant d’un oiseau à l’extérieur, le bruit de l’eau dans les tuyaux, de la pluie …).
L’activité de marcher sur la ligne est aussi une préparation à la leçon de silence. L’enfant apprend à maîtriser son corps, ses pas. Il place délicatement ses pieds l’un devant l’autre en suivant la ligne de l’ellipse.
La leçon elle-même
Lorsque l’éducateur estime que les enfants sont prêts pour la leçon de silence, il peut débuter cette nouvelle présentation par le récit de l’histoire du petit bébé amené par Maria Montessori dans la classe. Il dira alors qu’ils vont ensemble reproduire cette expérience.
Maria Montessori décrit la pratique de la leçon de silence dans son livre “Le manuel pratique de la méthode Montessori”. Pour assurer le succès des enfants, elle recommande :
- que les enfants trouvent une position leur assurant un bon équilibre
- que la pièce soit plongée dans la semi obscurité (ou que les enfants ferment les yeux ou revêtent un bandeau)
Concrètement, l’éducateur peut guider les enfants vers cet état méditatif en portant leur attention sur différente partie de leur corps et sur leur respiration. Sur les bruits extérieurs. Puis il observe lui-même un profond silence.
Maria Montessori décrit alors que deviennent perceptibles des sons jusque-là couverts par le bruit produit par les enfants dans leurs activités et leurs déplacements. Leur découverte est passionnante. Le silence, dit Maria Montessori, “permet à l’esprit des enfants de s’étendre”. Ils ont alors accès à des émotions subtiles.
“C’est presque la découverte d’un nouveau monde où réside le repos.”
Maria Montessori, Le manuel pratique de la méthode Montessori.
L’éducateur veillera à viser des objectifs raisonnables quant à la durée de l’exercice. Il pourra progressivement allonger ce temps. Il est important que les enfants vivent cette expérience comme une réussite, dès le départ, afin de les encourager à persévérer dans cet effort sur eux-mêmes.
La leçon s’achève par l’appel par l’éducateur des enfants, un par un, au moyen d’un murmure de leur prénom depuis une pièce adjacente ou l’extrémité de la même pièce. Les enfants tournent alors toute leur attention vers le murmure de l’éducateur. Ils identifient l’origine du son (l’éducateur jouera à varier l’endroit où il se place) et se dirigent vers elle pour rejoindre l’éducateur, en contrôlant leur mouvement pour se déplacer sans bruit.
En pratique
Certains éducateurs initient cette leçon de silence lors d’un rassemblement. D’autres pendant la période de travail afin de ramener un niveau sonore trop élevé à une ambiance de travail plus agréable pour tous. Cette leçon peut être également proposée lors d’une transition entre deux activités. Par exemple, entre le repas et le départ pour la pause dehors. Il ne faut toutefois pas surestimer la capacité des enfants à se contrôler dans des moments où l’énergie a besoin, au contraire, d’être extériorisée. L’éducateur Montessori, en fin observateur des enfants, saura reconnaître l’opportunité d’une telle leçon.
La leçon de silence peut être initiée dans une ambiance Montessori par une invitation orale de la part de l’éducateur. Certains choisissent un objet qui symbolise la leçon. Cela peut être un portrait de Maria Montessori ou une image qui invite à la méditation. L’éducateur montre cet objet aux enfants. C’est le signal que la leçon de silence va débuter.
Bénéfices cognitifs de la leçon de silence
La leçon de silence montre de grands bénéfices :
- la construction de la concentration des enfants
- la construction de leur contrôle inhibiteur : “s’empêcher soi-même de faire tout mouvement induit par quelconque raison” (Maria Montessori, Le manuel pratique de la méthode Montessori). Elle mènent les enfants à l’autodiscipline.
- le développement des sens
- le désir de perfectionnement
- le développement de la coopération entre enfants
Les enfants montrent un grand intérêt pour le silence. Ils découvrent combien ils l’apprécient. Les enfants en viennent naturellement à préférer le silence aux sons forts et disgracieux. Ils identifient en effet le bruit comme un obstacle à leur concentration et leurs apprentissages.
Bibliographie
- L’Enfant, Maria Montessori, Desclée de Brouwer.
- Le manuel pratique de la méthode Montessori, Maria Montessori, Desclée de Brouwer.